Réaction à la lecture du texte consulté à la page web suivante :
et intitulé : “Bilan de 6 années de démarches et de réflexion.”
Ce texte ferait presque penser à un faire-part de décès : j’y ai appris que tous les espoirs de l’association “les Constructeurs Bille en Tête” avaient été détruits à petit feu par les responsables politiques de la ville de Pessac. La mise à mort durerait depuis 5 années.
Après m’être renseigné, il semblerait que les élus de Pessac ne semblent pas avoir compris l’importance et l’originalité de la solution développée en matière de logement d’insertion par ce groupe de bénévoles. Ils n’ont pas non plus compris la portée symbolique pour Pessac de promouvoir une troisième cité de logement social expérimental. Pessac ne sera probablement pas la ville aux trois cités innovantes. L’héritage de Le Corbusier et des Castors n’aura servi à rien. D’ailleurs, leurs “érections” furent rendues très pénibles par les services techniques municipaux et les politiques de l’époque ! On ne fait que continuer une tradition de manque de courage, retranché derrière le paravent du conformisme administratif.
La pression des intérêts conjugués du marché foncier, des organismes d’HLM, des compromissions, -(en terme poli “amitiés”)-, des ambitions personnelles, des plans de carrières, des spéculations financières et budgétaires, de l’instrumentalisation de la pauvreté, et j’en passe, auront bientôt épuisé toute chance de réaliser ce projet.
Pourtant il n’était demandé que 2.000 à 2.500 mètres carrés de terrain pour une dizaine de logements. Mais la pression foncière voue toute surface libre à un destin plus rentable. Et s’il se trouvait un terrain oublié, il est certain qu’on lui trouverait des problèmes de voisinages. Pensez au danger que représente pour la communauté un ghetto de 10 logements bioclimatiques avec un accompagnateur social !
D’ailleurs, le terrain qui avait été promis sur le nouveau PLU, était à l’origine destiné à une décharge. Trois ans plus tard, une OPHLM l’a pourtant trouvé suffisamment à son goût. Il y aura même des jardins potagers, pour être dans le vent
.
Si les décideurs politiques ne donnent pas le change rapidement, les Constructeurs ne pourront plus démarrer “bille en tête”, mais devrons “jouer la bande”, autrement dit chercher ailleurs. Le planning des élections municipales risque de nous retarder encore de quelques mois. Pour rafraîchir la mémoire de nos futurs tribuns de campagne, rappelons que les besoins en logement d’insertion de jeunes sont de 1 pour mille habitants. Ce sont au moins 50 unités d’habitation qu’il faudrait bâtir à Pessac !
Il y a des moments où l’on rêverait qu’un mécène achète le terrain. Malheureusement cette idée n’est pas dans l’esprit du projet. Car c’est à la Communauté de prendre en charge les problèmes sociétaux, non pas à la Charité !
On parle d’un projet d’Éco-Quartier à Pessac. Je suis sûr qu’il sera bien mieux soutenu, car avec le Grenelle de l’environnement, cela flatte les egos. Et puis cela relance la consommation de technologies écolos. Enfin, -sauf s’il y a un pylône à hélices-, cela dérange moins le voisinage. On pourra même s’échanger ses recettes de compost !
La seule solution pour construire du logement social moins cher, c’est d’intégrer un processus d’auto-construction des habitants. Cette activité est, d’un point de vue marchand, hautement condamnable. Cette fabrication échappe au profit des entreprises, utilise le temps libéré de gré ou de force (chômage), rend les citoyens bâtisseurs plus intelligents et indépendants... Le projet des Constructeurs Bille en Tête intégrait l’auto-construction encadrée comme une valorisation de formation et de diplôme : non seulement il sortait du marché, mais en plus il innovait en matière d’enseignement pour revaloriser les métiers du bâtiment qui en ont tant besoin.
Le tort de ce projet est assurément d’être trop novateur pour des esprits confrontés aux 30 années de leur échec dans l’amélioration du logement social.
Le Corbusier, qui n’était pas architecte, a inventé des cités “radieuses” que l’on considère aujourd’hui comme faisant partie du patrimoine mondial. Mais depuis, un désert d’imagination n’a réussi à construire qu’une seule chose : la fortune immense de constructeurs institutionnels et privés, de leurs fournisseurs, et de leurs banquiers. Mais elle est encore plus solidement construite, car elle est fondée sur le crédit privé, la dette publique, et ses pieux s’enfoncent profondément dans la paupérisation de tout un peuple qui ne peut plus se loger !
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