Les jardins de la cité
 
Francis Cabantous a écrit un article dans “Le Festin N°27-28” sous le titre “Enquête sur un détournement : Les jardins de la Cité Frugès”  et comme chapeau : “Ni réglementés ni codifiés, échappant à la rigidité du programme architectural et aux contraintes de la restauration, les jardins de la cité Frugès, à Pessac, recherchent leur identité
                                        

“...les questions qui se posent au sujet de ces jardins sont liées à la spécificité du lieu. Le fait de vivre dans un “monument historique” , un site touristique très visité, influe-t-il sur la vision que l’on a de l’extérieur de sa maison ? Les couleurs vives, les volumes épurés des bâtiments, ont-ils une influence dans le choix des plantations, ou dans le style adopté pour le jardin ? Le paysage de ces jardins est-il différent de celui de la banlieue toute proche ? Quel poids peut avoir l’histoire ?.....
...    Pour essayer d’y répondre, sans se laisser influencer par des “impressions”, nous avons tout d’abord réalisé, avec un groupe d’étudiants de l’École d’Architecture et de Paysage de Bordeaux, un relevé des jardins le long de la rue Le Corbusier et de la rue des Arcades, comprenant : le plan de ces jardins (en évaluant l’âge approximatif des végétaux ligneux, la palette végétale utilisée, le niveau d’entretien du jardin, l’état de l’habitation...Une observation similaire a été réalisée pour les jardins autour de la cité. Cette étude sommaire...n’a pas permis de mettre en évidence une différence entre tous ces jardins...Nous avons affaire à des jardins “ordinaires”, comme on peut en voir dans toute la banlieue bordelaise. Mais ici, ces petits jardins peuvent être ressentis comme en désaccord avec la maison qu’ils entourent, comme l’a remarqué une étudiante : “il y a quelque chose qui ne colle pas.”...
...Le jardin, à l’inverse de la maison, est perçu comme un espace (nécessaire) de liberté, hors de la contrainte (acceptée) du cahier des charges de la restauration de la maison. Le jardin est un autre “projet”, différé faute de temps ou de moyens.
        Par manque de connaissance, de documentation, d’intérêt, le jardin n’est pas considéré par les habitants comme un “objet culturel”, à la différence de l’architecture...
...     Et maintenant, que va-t-il se passer ? Que vont faire les nouveaux occupants, gens instruits, très au fait de l’histoire de leur cité ...? Il est peu probable qu’ils optent pour des potagers. Vont-ils se contenter du jardin de monsieur “tout le monde” ? Ou bien verrons-nous un autre type de détournement, esthétisant celui-là (ou du moins se voulant “plus culturel”), avec la recréation d’une image où jardin et bâtiments seront stylistiquement en harmonie ? Va-t-on revoir des terrasses plantées, comme il semble que cela ait été initialement prévu ? Nous avons toutefois bien conscience qu’une page a été tournée, que les mentalités ont évolué et que le paysage en tant qu’intégrateur de faits sociaux va être le révélateur de cette évolution.
                                                        Francis Cabantous 1998
Un commentaire ? 


Plus, un encadré intitulé “Prélude à l’histoire des jardins de la cité Frugès”

    Il s’agit de rapporter ici le récit (de première main) d’une native de la cité : Mme C. Aubouin. ...Son père, militaire de carrière, a été un des premiers à acheter une maison en 1929. D’autres militaires ont suivi, puis quelques fonctionnaires, des commerçants, et non pas des ouvriers...(n’oublions pas que c’était la destination première de cette cité). Fait culturel ? Nécessité ? Toujours est-il que ces habitants ont cependant réalisé ce qui était attendu par Le Corbusier : des potagers....A cette culture légumière était souvent associé un petit élevage de poules et de lapins (dans les clapiers initialement prévus), il y eut même quelques cochons. N’oublions pas qu’à l’époque, la cité était en pleine campagne. Puis avec la guerre, les militaires partirent. Ils furent remplacés par des ouvriers espagnols qui travaillaient dans la fonderie proche. La vogue des potagers s’est naturellement perpétuée et ce presque jusqu’à nos jours. Il en reste encore quelques-uns et même , il s’en recrée. Quelques arbres fruitiers, encore en place, sont les témoins de cette économie vivrière.mailto:fruges.lecorbusier@free.fr?subject=Big-Blog%20Q.M.F.:%20Les%20jardins%20de%20la%20cit%C3%A9
jeudi 5 avril 2007
Cliquer sur la Photo pour voir tout le reportage photographique
 LE JARDIN MUNICIPAL